Comment boire et apprécier le whisky ?

Boire un whisky se fait dans les règles de l’art. Tout novice ou buveur de whisky amateur a peur de paraitre ridicule ou de commettre une erreur en présence de connaisseurs. Faut-il faire tournoyer le verre ? S’analyse-t-il en suivant les mêmes étapes que celles de la dégustation d’un grand vin ? Les premières questions concernent déjà façon de le servir. Quel type de verre faut-il utiliser ? Peut-on y ajouter de l’eau ou des glaçons ? Ces questions sont légitimes et heureusement, elles ont une réponse.

Comment choisir son verre à whisky ?

Avant même d’ouvrir la bouteille, un premier choix s’impose. Existe-t-il des verres à whisky ? Que peut-on utiliser ? Les connaisseurs vous diront que ces questions sont triviales. La première réaction des amateurs de whisky est de dire qu’il n’existe aucune règle et que chacun le déguste comme il le préfère. Soyons clairs, ce genre de réflexion n’est pas réellement sincère. Après vous avoir gentiment mis à l’aise, le connaisseur va vite s’empresser de vous prendre par la main et vous montrer « ses » règles, qui en réalité sont « des » règles à suivre. La première de ces règles concerne le choix du verre à dégustation.

S’il vous arrive de commander un whisky au bar d’un hôtel, il est fort probable que vous receviez un large verre trapu, rempli de glaçons, avec une larme de whisky au fond. Avant même de parler de l’ajout des glaçons, nous sommes tristes de vous décevoir, mais rien ici n’est fait dans les règles. Cela peut vous étonner, mais les « tumblers », ces petits verres à ouverture large ne sont pas faits pour déguster du whisky, malgré leur appellation erronée de « verre à whisky ». Leur ouverture laisse immédiatement s’échapper les arômes. Ces verres larges, courts et évasés servis dans les bars ou les hôtels sont faits pour pousser à la consommation, boire son verre cul-sec et en recommander un autre. Ils ne sont pas faits pour tergiverser sur le contenu et en évaluer sa qualité. Il faut, au contraire, préférer les verres à col resserré, en forme de tulipe.

Les verres en forme de tulipe sont parfaits pour la dégustation du whisky pour de multiples raisons. La première est son pied. Comme pour le vin, tenir un verre par son pied permet de le manipuler sans altérer la chaleur du breuvage avec vos mains. Le deuxième avantage de ce verre est sa largeur. Pas trop large à sa base, il permet de concentrer au maximum les arômes, mais suffisamment rond au fond pour y faire tournoyer le liquide et y apprécier sa robe. C’est pourquoi – autre point très important – il faut aussi que le verre soit totalement transparent. Évitez absolument tout verre coloré.   

Le verre tulipe est le verre idéal pour la dégustation du whisky

Le verre tulipe permet d’y glisser son nez, premier des tests pour évaluer un whisky. Les arômes remontent directement le long du col, sans trop s’y échapper grâce à son ouverture resserrée. Vous venez de comprendre pourquoi ce verre a les faveurs des connaisseurs. Son nom plus prestigieux est la « copita à sherry », idéale pour la dégustation, c’est un petit verre à pied en cristal, que l’on appelle aussi « nosing glass ». Ce n’est pas pour rien !


Faut-il mettre des glaçons et de l’eau dans le whisky ?

Cette règle est assez flexible. Aussi étonnant que cela puisse paraître, ajouter de l’eau au whisky ne choquera aucun connaisseur. Par contre, tout le monde n’est pas d’accord concernant les glaçons.

L’eau ne dénature pas le whisky, elle permet de diluer l’alcool qui peut parfois masquer le goût. D’ailleurs certains disent que l’ajout d’eau est déjà un premier test. Si le whisky s’en sort bien, c’est qu’il est de qualité. Si vous obtenez une eau liquoreuse, c’est plutôt mauvais signe. Par contre, évitez tout de même de trop mouiller un bon vieux single malt.

Pour les glaçons, on préfère ne pas trop se mouiller. En réalité, un whisky se boit à température ambiante, alors il n’y a déjà pas de raisons de vouloir ajouter des glaçons. Mais en plus de ça, le froid anesthésie les papilles et altère les saveurs. Si vraiment vous souhaitez refroidir le breuvage, optez peut-être pour des glaçons en granit qui ne fondent pas.


Faut-il faire tourner son verre à whisky avant de le déguster ?

Notez que les Japonais sont adeptes des whiskys plutôt dilués. Cette remarque n’est pas anecdotique, puisque les Japonais sont aussi de grands buveurs et de grands producteurs de whiskys, mondialement reconnus. On donne le nom de « whisky ice ball », lorsqu’on vous sert un whisky avec une boule de glace, une idée venue du Japon où il existe l’art de sculpter cette boule de glace. Pire encore, sacrilège pour certains, et pourtant très répandu, il existe carrément le « whisky highball » ou dans sa version originale le « mizuwari ». Pour éviter de vous faire taper sur le doigt, faites-le passer pour un cocktail. Il s’agit d’un whisky mélangé à (beaucoup) d’eau, servi dans un verre rempli de glaçons. Enfin, il y a le « twice up ». C’est lorsque le whisky est servi dans un verre de vin, moitié whisky moitié eau.

On aimerait répondre simplement à cette question, mais la réponse est « oui, mais… » ou « pas nécessairement, mais… ». Faire tourner son verre sert principalement à deux choses. La première est d’admirer et d’évaluer la couleur et la consistance du whisky. La deuxième est de l’oxygéner. Mais il n’y a rien de bien savant là-dedans. Cela consiste à laisser s’échapper l’éthanol. Les odeurs qui sortent du verre lors de cette étape sont celles des évaporations d’alcool.

Si les odeurs d’alcool peuvent donner une idée de l’âge du whisky ou du type de fût utilisé, elles sont aussi désagréables pour certains et peuvent endormir le nez, alors qu’il est utile pour la prochaine étape.


Les étapes de la dégustation du whisky

À présent, vous êtes prêt à passer à la dégustation, qui commence par le nez. Il faudra plonger votre nez dans le verre, car le garder à distance ou au bord de l’ouverture n’est pas suffisant. Inhalez les parfums qui se dégagent, et faites appel à votre imagination. Sentez-vous les odeurs de céréales ? Peut-être celles de ce soupçon de vanille ?  En principe, les premières odeurs sont celles de l’alcool puisque les molécules sont les plus volatiles. En humant à plusieurs reprises vous allez sentir de nouvelles fragrances s’échapper à chaque fois.

Pour différencier au mieux les odeurs florales, épicées, fumées ou boisées, on peut vous conseiller de garder la bouche légèrement ouverte au moment d’humer votre verre.

Quand vous en avez fini avec votre nez, vous pouvez enfin mettre le précieux breuvage en bouche. Il faudra tout de même être patient car certains spécialistes parlent d’une dégustation d’un verre en une heure. Vous avez compris pourquoi y mettre des glaçons était une mauvaise idée.

Vous pouvez enchaîner nez et goût, en prenant une gorgée puis en remettant une nouvelle fois votre nez dans le verre. Vous finirez par découvrir de nouvelles saveurs, obtenir de nouveaux effluves et dévoiler de nouvelles notes. En plus du goût, vous pouvez apprécier la texture du whisky qui vient couvrir votre palais. Il peut être très liquide ou un peu plus ample. Le whisky brûle-t-il la langue ? Est-il doux ou tendre ? Plus vous en buvez moins le goût d’alcool se fait ressentir et plus vous découvrirez des goûts sucrés et ambrés.


Autres astuces pour profiter pleinement de la dégustation

Pour conclure, on a vite compris qu’il existe des étapes de dégustation à ne pas déroger mais au final chacun crée ses propres règles. Parmi les règles que certains appliquent, il y a notamment le respect de la température de la pièce de dégustation. Comme le whisky se déguste à température ambiante, certains exigent que les lieux de dégustation soient maintenus à 18° C. La première fois, prenez des notes afin de documenter l’évolution des goûts et des sensations. Attention, n’essayez pas de grignoter des cacahuètes ni de manger votre repas pendant la dégustation, c’est tout simplement prohibé. Par contre, si vous n’êtes pas en phase de dégustation mais que vous souhaitez consommer du whisky en mangeant, certains plats comme le filet de porc grillé ou le steak grillé conviennent parfaitement. Si vous préférez le sucré, le pain d’épice ou le gâteau au chocolat se marieront bien aux arômes du whisky.